Patrimoine naturel

Le bocage

Le bocage est un paysage formé de prés enclos par des haies vives, des arbres.
La haie est une clôture faite d’arbres, d’arbustes, d’épines ou de branchages et servant à limiter ou à protéger un champ, un jardin.
Le bocage est constitué de différents éléments :
Des haies : ce sont des structures arborées linéaires qui peuvent être composées d’arbustes et de buissons, de taillis, de cépées, d’arbres têtards et d’arbres de haut jet. La largeur peut varier de un à quelques mètres, la hauteur de 1 m 20 à plus de 15 mètres, en fonction de la conduite de la haie. Les haies sont constituées d’essences d’arbres et d’arbustes variées. Elles sont situées en limite de prairie ou de champ, le long des chemins, sur un talus en rupture de pente. Elles enclosent un jardin, longent un bâtiment…
On notera le cas particulier des haies bordant les cours d’eau. Il s’agit d’une forme particulière de haie qui épouse le contour de la rivière.
Des bosquets : Il s’agit de boisements de surface réduite (moins de 0,5 ha) qui peuvent ponctuer le paysage bocager.
Des arbres isolés ou en alignement : des arbres peuvent être situés de manière éparse ou en alignement dans une parcelle agricole ou en bordure, le long d’une route ou d’un chemin… Ces arbres peuvent être des arbres de haut-jet ou des arbres têtards.
Des arbres « complantés » : Dans notre secteur, il s’agit principalement d’arbres fruitiers plantés dans des prairies et dont la production était ou reste complémentaire à l’élevage.

Le bocage offre à la vue un paysage très varié où toutes les impressions reçues par les sens se superposent pour offrir une ambiance apaisante. De plus, lorsque le paysage bocager est vallonné, il offre des points de vue qui déclenchent en nous une impression de plénitude. De quelque altitude que ce soit, la perception visuelle des formes de ce paysage est, au premier coup d’œil, sécurisante.
Les haies rompent la monotonie du paysage agricole par la diversité de leurs formes et de leurs couleurs. Elles modèlent le tracé des chemins, accompagnent les cours d’eau, soulignent les hameaux, s’accrochent aux reliefs.
La haie contribue à donner aux paysages traditionnels une certaine sérénité. Une zone bocagère dégage une impression d’équilibre. C’est aussi un paysage humanisé (c’est-à-dire issu du travail de l’Homme) qui raconte une histoire et où s’imbriquent les techniques et les traditions que l’Homme y a pratiquées et que parfois il pratique encore.

Bocage

C’est un paysage habité : en secteur bocager, l’habitat est dispersé donc omniprésent. Par ailleurs, l’activité d’élevage qui lui est le plus souvent couplée, contribue à le rendre vivant. Les plantations participent par ailleurs à l’intégration dans le paysage des nouvelles constructions : maisons d’habitation, bâtiments agricoles, artisanaux ou industriels.
Cet apport à la beauté du paysage a un impact social non négligeable. La beauté des sites bocagers invite la promenade et aux activités de détente en milieu rural. L’intérêt paysager du bocage favorise les activités d’accueil touristique et de randonnée et facilite ainsi la diversification des activités en milieu rural.

En savoir plus (Publication du parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale)

Les vergers conservatoires

Le village de Crémarest accueille l’unique verger conservatoire de hautes-tiges du Pas-de-Calais (un arbre haute-tige a ses premières branches charpentières à au moins 1,80 m du sol).
Qui dit « conservatoire » dit « variétés anciennes ». Pourquoi et comment ce verger a vu le jour ?
Le Centre Régional de Ressources Génétiques au secours des variétés anciennes

Ces espèces traditionnelles doivent être préservées pour ne pas disparaître. C’est l’une des missions du Centre Régional de Ressources Génétiques (CRRG) situé dans le Nord. Pas d’inquiétude, ne frémissez pas en lisant « génétique », il ne s’agit pas d’expériences scientifiques mais bien de conservation des richesses du patrimoine vivant (races et variétés locales). Le CRRG dépend de « Espaces Naturels Régionaux », qui travaille sur les fruits, les légumes et les animaux d’un terroir.
Dans le cas qui nous intéresse ici, il s’agit de sauvegarder des fruits. Et comment mieux conserver les variétés sinon en les plantant dans un verger ?
Voilà comment est né le premier verger conservatoire. Il se situe à Villeneuve d’Ascq, près de Lille, et permet d’abriter toute la diversité des variétés du Nord/Pas-de-Calais, ce qui représente tout de même plus de 750 pommes et 350 poires différentes ! Pour récupérer le maximum d’espèces, les techniciens du CRRG ont sillonné la région, à la recherche de fruitiers. Les variétés prélevées étaient ensuite observées à Villeneuve d’Ascq afin de vérifier leur appartenance, puis mises en collection sur des parcelles non traitées pour étudier croissance et maladies. Une si belle collection méritait d’être protégée, imaginez le désarroi si une attaque bactérienne ou un caprice de la météo venait à ravager ces variétés anciennes…
Le verger conservatoire de Villeneuve d’Ascq a donc décidé de trouver d’autres emplacements afin de multiplier les chances de sauvegarde.
Mais où trouver ces terrains qui accueilleront les nouveaux vergers ?

D’une rencontre entre deux hommes au verger conservatoire de Crémarest…

Un jour, à l’occasion d’un déplacement, Claude Prudhomme, actuel maire de Crémarest et président de la Communauté de Communes Desvres-Samer, rencontre le responsable du CRRG, René Stiévenart. Ils parlent du verger conservatoire et de la recherche de terrains pour créer les nouveaux vergers. La municipalité de Crémarest venait de racheter une ferme avec plusieurs hectares. Les bâtiments devaient abriter la nouvelle salle des fêtes de la commune. Le terrain n’ayant pas encore de vocation particulière, M. Prudhomme décide de soutenir le projet du CRRG en proposant la parcelle pour réaliser le verger.
Cette proposition est d’autant plus bienvenue que le terrain en question est un pré, limité par des haies champêtres et de grands arbres. Ce milieu, associé à un verger, est spécialement intéressant pour la faune et la flore car il est ce qu’on appelle « semi-ouvert » : il respire, n’étant pas enfermé dans une végétation trop dense, et il est en même temps protégé par les arbres et les haies.

Préparer le terrain…

Avant d’accueillir les arbres, une convention a été signée pour la gestion harmonieuse du site entre la municipalité, le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale et le CRRG. Une autre convention a également été signée entre la municipalité et l’éleveur qui met ses vaches dans le pré (favorisant ainsi un entretien naturel du terrain).
Il était ensuite temps de s’occuper des arbres. Le projet de verger sur Crémarest ayant pour objectif de multiplier les chances de sauvegarde des variétés anciennes, il était hors de question de déplanter des arbres du verger de Villeneuve d’Ascq pour les replanter dans celui de Crémarest. Le CRRG a donc prélevé des greffons au verger de Villeneuve d’Ascq, puis les a amenés à un pépiniériste installé à Wismes afin de réaliser la greffe. Le porte-greffe (qui assure le système racinaire) a été choisi par le pépiniériste.

… puis planter les arbres

A Crémarest sont exposées des variétés issues d’une zone géographique allant du Boulonnais au Haut Pays d’Artois. Chaque variété est représentée par un seul arbre et il y a… 161 arbres. C’est dire la diversité des variétés anciennes de ce territoire !
Pourquoi sont-elles si nombreuses ? A l’origine, les pommes étaient surtout destinées à la consommation familiale. Il en fallait pour cuisiner, faire du cidre ou croquer une pomme, tout simplement… Ces besoins différents ont permis de créer des variétés différentes.
Parmi elles, 37 variétés particulièrement emblématiques ont été mises à l’honneur (un panneau de bois à leur pied donne toutes les informations les concernant).
Les arbres ont été plantés à 12 m l’un de l’autre, tous avec un système de protection individuelle (les jeunes arbres fournissent en effet un casse-croûte très tentant pour les vaches et les lapins !).
La plantation, réalisée en février 2007, a été confiée à une association de réinsertion sociale. La reprise a été plus que satisfaisante, les seuls arbres à remplacer ayant été abîmés par les vaches.
Le coût de l’opération s’est élevé à environ 75 € par arbre (arbre et protection). Le projet du verger conservatoire de Crémarest a été financé par la commune, le Conseil Général du Pas-de-Calais (programme Oxygène62), le Parc naturel régional, ainsi que le CRRG qui a donné les greffons.

Faire découvrir les anciennes variétés locales au public

visite du verger

En février 2008, des poiriers sont venus rejoindre les pommiers, grâce à une extension sur une nouvelle parcelle achetée spécialement par la commune. Le verger offre un environnement idéal pour la croissance des arbres. C’est un vrai trésor qu’il faut protéger bien sûr, mais aussi faire connaître pour qu’il puisse vivre à travers les habitants.
Grâce au Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale, le verger se visite sur rendez-vous ou lors des animations programmées.
Ces visites guidées sont une vraie mine d’information, les techniciens aimant faire partager leurs connaissances. J’ai vraiment passé un excellent moment lors de ma visite.
Conseils avisés, renseignements riches et variés… que ce soit au sujet des hautes-tiges ou des formes palissées situées autour de la salle des fêtes de Crémarest (cette installation, volonté de la commune, ne fait pas partie du verger conservatoire, mais le complète idéalement), les techniciens du Parc sont de précieux alliés. Grâce à leur passion, à ce partage de connaissances, c’est avec une unique envie que les visiteurs repartent : planter une espèce ancienne et/ou locale de fruitier dans leur jardin !

La forêt

La forêt de Boulogne (2019 ha) au Nord et celle de Desvres (1138 ha) au sud composent une partie du territoire de Crémarest. Elles sont gérées par l’Office National des Forêts.
Elles sont les vestiges de la grande forêt qui couvrait la province gauloise de la Morinie. Elles appartinrent aux comtes de Boulogne à partir de 880 et devinrent forêts royales lorsque le comté fut réuni à la couronne de France, sous le règne de Louis XI en 1477. Elles prirent le statut de forêts domaniales pendant la révolution.
Ces forêts sont essentiellement composées de feuillus : Frênes, chênes, hêtres et autres bois plus précieux comme le merisier et l’érable. On y trouve également un peu de résineux sur les parties les plus hautes et les plus sableuses.
La forêt de Desvres fut longtemps exploitée pour son bois de chauffage qui alimentait l’industrie de la faïencerie. Les deux forêts étaient également exploitées pour les chênes qui servaient à la construction navale et à celle des bâtiments.

Exploitation d'une coupe en forêt de Desvres (carte postale datée en 1908)
De 1800 à 1811, environ 15000 m3 de bois furent coupés pour les camps de Boulogne, Ambleteuse, Wimereux et Wissant. Les coupes ont continué jusqu’en 1816 pour aménager les places fortes du Nord.
En 1854, la guerre contre la Russie a nécessité des coupes importantes pour alimenter les camps de l’armée du Nord stationnée autour de Boulogne.
Pendant la première guerre mondiale, les forêts sont, une nouvelle fois, mises à contribution pour alimenter l’armée, les usines de guerre et les houillères pour boiser les galeries.
Enfin, pendant la deuxième guerre mondiale, 60000 arbres, pour un volume de 20000 m3, furent sacrifiés pour fabriquer les pieux Rommel, destinés à piéger les plages de la Côte d’Opale afin d’empêcher un éventuel débarquement allié.

Coupe en forêt de Boulogne
Hormis les espèces d’arbres cultivés, ces forêts sont d’une grande richesse écologique, plus de 300 familles de plantes à fleurs y ont été recensées. De nombreux oiseaux (plus de 70 espèces) y nichent ou y passent, comme les pics épeiche, vert ou noir, les rapaces nocturnes et diurnes, les passereaux et autres. On y rencontre également nombre de chauves souris, des amphibiens, tritons, salamandres, grenouilles et crapauds et de petits mammifères comme la fouine, le putois, la belette ou l’hermine. Les insectes y sont également très présents. Les espèces gibiers comme le lapin, le lièvre, le faisan, le chevreuil ou encore le sanglier sont des habitants réguliers de ces forêts.
Ces deux forêts sont ouvertes au public. Bien évidemment, pour préserver la quiétude des lieux, les véhicules à moteur y sont interdits. Les promeneurs y sont les bienvenus sur les sentiers pédestres, équestres ou VTT qui sillonnent les deux massifs. Les chiens doivent être tenus en laisse afin de ne pas déranger la faune. Des réglementations ont été mises en place pour le respect de ce milieu naturel notamment en matière de cueillette comme celle des jonquilles par exemple, vous pouvez en prendre connaissance sur le site de l’Office National des Forêts (voir dans les liens utiles).