Patrimoine culturel

quille-cremarestLe jeu de quilles est tellement ancien, que l’on ne sait même plus depuis quand on y joue par ici. Mais ce qui est sûr, c’est que même si les effectifs diminuent, le bruit, que font des quilles quand elles tombent, résonnera encore longtemps chez nous. C’est une partie de notre identité et de notre patrimoine

La mise en place des concours, c’est d’abord la grande époque des concours individuels ! Chacun joue pour soi.
Une mise de un euro est demandée. Le joueur lance douze fois à la suite. Les concours individuels sont très fréquentés et donc se déroulent parfois très tard dans la nuit jusqu’à 1 h ou 2 h du matin et cela sur plusieurs jours. Ces concours demandent beaucoup de disponibilité aux participants. Relever les quilles nécessite la mobilisation de beaucoup de volontaires pour ne pas perdre de temps. C’est vers la fin des années 60 / début 70 que tout change ! Chaque village se dote d’une société de joueurs de quilles. Beaucoup de clubs se sont créés dans ces années là. Et, en même temps, se développent des concours entre équipes des différents villages du canton de Desvres. Petit à petit, les sociétés construisent leur propre quillier sur des terrains communaux.

En 1975, l’Intervillage se crée pour gérer l’organisation de ces rencontres, les dates sont programmées et les règles du jeu s’uniformisent. Ce concours est accueilli chaque année au printemps par un village différent du canton de Desvres. C’est 14 villages qui font vivre cet Intervillage. L’objectif est vraiment que chaque société aille dans d’autres villages. Ce sont des occasions d’aller dans les communes et d’animer ainsi tout le territoire. L’Intervillage organise des concours de quadrettes (rencontres entre deux équipes de villages différents composées de quatre joueurs). Depuis 1975, le nombre de quadrettes se multiplie et le nombre de femmes et de juniors augmente.

Les qualités requises pour être un bon joueur :

• la force physique,
• l’adresse,
• le self contrôle,
• la chance et l’envie de gagner.

Le collectif prime sur le personnel :

« Si cette fois ci, je ne joue pas bien, ce n’est pas moi seul qui vais être pénalisé, c’est toute l’équipe, c’est quatre personnes »

Jouer aux quilles, outre le moment de détente et le plaisir du jeu, offre depuis la mise en place des concours, un système d’entraide et de solidarité. Le jeu de quilles est vecteur de valeurs ; il aide à faire de nos villages des lieux de vies.
SOLIDARITÉ : Pour les concours internes organisés par chaque village, chaque société envoie des représentants pour jouer. De plus, les clubs envoient des représentants pour aider à l’organisation.
RESPECT : « Nous sommes conscients, qu’il ne faut pas prendre les joueurs des autres villages pour notre club, car alors c’est la mort d’un club et donc de la vie du village avec ces échanges et ces moments de partage. »
« La qualité première est certainement le respect des autres ! Par exemple, on ne dit plus « perdant » mais « malchanceux » rien que ce terme témoigne d’un respect certain. »
CONVIVIALITÉ : « Les concours en équipe impliquent que beaucoup de monde se retrouve au même endroit, pour beaucoup de temps, sans toujours jouer, donc une convivialité s’installe. »
L’attente entre les parties crée de la convivialité : buvette, cartes, parties de foot.
IDENTITÉ : « Puis, c’est un peu l’âme et l’identité du village qui se distinguent dans les concours. On est fier de notre village, de nos équipes. Jouer aux quilles, c’est partager, respecter, s’amuser dans une ambiance familiale et créer ainsi des passerelles qui unissent tous les habitants, des plus jeunes aux ainés, autour d’un jeu qui les rapproche. »

Règles actuelles et déroulement

Le concours se déroule entre équipes de la même catégorie (50 quadrettes hommes, 20 équipes de femmes et 11 de juniors). Un tirage au sort s’effectue pour composer les couples de quadrettes de villages adverses qui s’affrontent, comme au foot : sous forme de match aller et retour dans chaque commune. Ces premiers matchs donnent deux catégories (ou poolspools) de quadrettes : les «malchanceux » (les perdants) et les vainqueurs. Les quadrettes joueront ensuite au sein de ces deux « pools » sur le quillier du club organisateur de l’Intervillage. Gagnants et « malchanceux » des 3 catégories disputent les ¼ de finales, les ½ finales et aussi les finales. Ceci est aussi vrai pour les Interjoueurs et les Interjoueuses. Les Interjoueurs correspondent à ceux qui ont marqué le plus de points au sein de leur quadrette initiale.
Une règle importante du concours : Tout le monde joue le même nombre de fois, les malchanceux comme les vainqueurs. Mais chacun dans leur catégorie. Chaque quadrette mise pour participer au concours. C’est avec cette mise que l’on achète les lots. Une commission de surveillance des lots a été créée pour faire respecter cette partie du règlement.

Le jeu de quille se pratique dans un espace déterminé et conçu à cet effet : le quillier. Au bout du pas de tir, il y a, au sol, un carré de béton dans lequel ont été coulés neuf plots en fer qui servent à poser les neuf quilles (en bois). Chaque quille a un emplacement particulier, numéroté. Mais toutes ont la même valeur : 1 point. A partir d’une marque sur le sol (« la dache ») sur le pas de tir (à 6 m environ du carré), le joueur lance une boule en bois (« le boule ») de 8 à12 kilos en espérant faire tomber le maximum de quilles. Après chaque lancer, on relève les quilles. Une personne note les points au fur et à mesure. Le nombre de lancers est lui aussi réglementé ; en concours de quadrettes chaque joueur fait 3 lancers d’affilés à 2 reprises. Il y a toujours trois types d’acteurs dans le jeu : le joueur individuel ou en équipe (le plus souvent 2 équipes qui s’opposent), le releveur de quilles, la personne qui note les points.

En savoir plus (Lien vers la publication du Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale)